Ressources sur les sujets de l’inceste, l’incestuel et des violences sexuelles

J’ai recensé sur cette page toutes les ressources qui m’ont été utiles, voire essentielles, pour aller à la rencontre de mon intériorité cabossée par l’histoire familiale dont je suis issue.

Podcasts

lumineuse-podcast : podcast réalisé par Sanara, victime d’inceste, suite à sa sortie d’amnésie traumatique. Elle explore différents outils pour réaliser son introspection, pour trouver l’apaisement face aux souffrances, pour interroger son passé, ses manifestations psychiques et corporelles. Elle reçoit des personnes victimes de violences et des personnes proposant des méthodes parfois originales pour scruter son « soi » (ex : astrologie, lithothérapie, psycho-généalogie…). J’ai écouté avidement ce podcast qui m’a guidée dans l’exploration de mon histoire personnelle. Il m’a été d’une grande aide.

ou-peut-etre-une-nuit : podcast de Charlotte Pudlowski explorant, sur la base du témoignage poignant de sa mère, son histoire personnelle, celle de sa famille, et ouvrant sur le fléau sociétal que constitue l’inceste. Pour la dimension systémique de ce crime, elle s’appuie notamment sur le livre essentiel de Dorothée Dussy, Le berceau des dominations. Ce podcast, et la lecture du livre de D. Dussy, ont achevé de m’ouvrir les yeux sur le fait que l’inceste N’EST PAS – ABSOLUMENT PAS – une affaire privée.

Le trauma de l’inceste (La Matrescence ep. 127) : cet épisode est consacré au silence et à l’aveuglement des mères face à l’inceste. Il m’a permis de comprendre les mécanismes pouvant conduire, dans les cas extrêmes, à une complicité des mères.

anne-lorient-accoucheuse-de-rue (Bliss ep. 128)  : l’histoire de la descente aux enfers puis de la lente et splendide remontée d’une femme incestée par son frère.

Inceste et pédocriminalité (Un podcast à soi) : cet épisode donne un panorama général autour du sujet de l’inceste, les témoignages sont très forts.

20 000 lieues sous ma chair : il s’agit d’un hors série de l’excellent podcast Le coeur sur la table. Caroline Pothier raconte son parcours, de la révélation de l’inceste subi au procès qui a suivi, en passant par la difficulté à trouver sa place dans le monde. Les allers-retours entre le récit de Caroline et la diffusion des messages enregistrés sur des cassettes audio ancrent son témoignage dans une réalité palpable. Ce podcast m’a bouleversée et il est extrêmement bien documenté.

Comptes instagram

Cecilcee : compte créé par Cécile Cée, incestée par son père, ayant subi une amnésie traumatique. Cécile, qui est illustratrice, a publié sur son compte un journal de sortie d’inceste dans lequel elle raconte son histoire tout en décryptant de manière implacable les mécanismes sociétaux en jeu dans l’inceste. Tout son travail est extrêmement fouillé et documenté. Ce compte a été ma première porte d’entrée sur le sujet, et JE LE RECOMMANDE CHAUDEMENT. Cécile déconstruit également les mécanismes du racisme, et a publié des posts essentiels sur la polémique « peut-on dissocier l’homm de l’artiste » en partant des cas Serge Gainsbourg et Gérar Depardieu.

Soutienciivise1 : compte dédié à la lutte pour l’application des 82 préconisations de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), formulées à l’issue d’un travail de recueil de 30 000 témoignages, et dont l’objectif est d’accompagner les victimes, de repérer les enfants victimes, et d’apporter une réponse judiciaire appropriée. Le risque de mise au placard de ce travail exceptionnel est grand, le juge Durand et Nathalie Mathieu qui co-présidaient la Ciivise en ayant été évincés en décembre 2023. Depuis, la Ciivise est décapitée et désincarnée.

Sites web

Ciivise : site dédié aux travaux de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, qui a publié en novembre 2023 un rapport rendant compte des 30 000 témoignages reçus et formulant 82 préconisations. Le rapport (conséquent mais passionnant) est téléchargeable et est accompagné d’un document plongeant dans différentes oeuvres littéraires permettant de penser les violences sexuelles faites aux enfants, précieux.

Sité dédié aux mémoires traumatiques créé par Muriel Salmona : Ce site est très fourni, il faut fouiller mais il fourmille d’informations notamment sur la description de la physiologie du traumatisme, de la du trouble dissociatif, et de la mémoire traumatique. Il décrit aussi avec précision les conséquences (corporelles et psychiques) des violences sexuelles ce qui permet de s’auto-analyser.

Blog de Claire Gotta – psychopraticienne : Claire Gotta, psychopraticienne spécialisée dans l’inceste et l’incestuel publie des articles et des vidéos sur ces sujets. En particulier, Elle explique très clairement les mécanismes et les marqueurs du climat incestuel, encore mal connu et lequel les ressources sont limitées. Ses écrits et ses vidéos m’ont permis de débusquer les indices de climat incestuel dans ma famille.

Livres

Témoignages

Un amour impossible, Le voyage dans l’est, L’inceste, Christine Angot : l’inceste subi de la part de son père à partir de l’âge de 13 ans plane sur l’ensemble de l’oeuvre de Christine Angot. L’inceste est le premire livre dans lequel elle l’a ouvertement (et crûment) évoqué, mais je ne conseillerais pas forcément de commencer par celui-là car l’écriture est saccadée, elle suit la cavalcade de son mental en panique face à l’impossibilité de survrivre à ça. Un amour impossible est plus facile à aborder, et Le voyage dans l’est, son ouvrage le plus récent, revient sur l’inceste de manière apaisée, Christine Angot se livre à une saisissante contextualisation de son histoire, mettant en lumière les mécanismes de domination masculine, sociale, financière… ayant conduit aux atrocités subies et au fait qu’elle n’a pas été protégée par ses proches.

La familia grande, Camille Kouchner : C. Kouchner prend la parole pour dénoncer l’inceste dont a été victime son frère jumeau de la part de son beau-père. Dans un style sobre et concis elle décrit avec précision la confusion « coolitude autour du sexe » / agression larvée des enfants qui sévit dans certaines familles incestuelles. J’ai identifié des situations similaires dans ma famille.

Triste tigre, Neige Sinno : Abusée durant l’enfance par son beau-père, Neige Sinno témoigne d’un cauchemar dont l’onde de choc perdure. Il a été unanimement salué par les lecteurs et la critique. Le récit est très fort, Neige décortique avec adresse les mécanismes à l’oeuvre. J’ai toutefois été un peu déroutée par la dernière partie du livre, qui n’est ni roman ni essai, elle semble exposer au lecteur ses atermoiements sur la direction à prendre dans son texte. Je n’ai pas très bien compris.

Après l’abîme, le pouvoir de la mémoire traumatique, Delphine Delaunay : Un témoignage vibrant d’une femme incestée par son père, et victime d’une amnésie traumatique, qui a été levée à l’âge de 40 ans. Delphine décrit avec précision et émotion les manifestations corporelles dont elle a souffert, ainsi que la descente aux enfers de sa famille entière, sous la coupe d’un père tyrannique.

Essais

Le berceau des dominations, Dorothée Dussy : D. Dussy compile avec rigueur les statistique sur l’inceste et les violences sexuelles et décortique le phénomène sociétal que constitue ce crime. Elle revient sur l’interdit (théorique) qui l’entoure et la manière dont notre société s’en arrange, et plus encore le met à son profit pour asseoir la domination masculine. Après avoir lu ce livre on a envie de hurler sa colère.

L’inceste et l’incestuel, Paul-Claude Racamier : P.-C. Racamier est le premier psychanalyste à avoir décrit et théorisé les mécanismes de l’incestuel. Cet ouvrage est ardu, il s’adresse plutôt à des pros qui ont des bases en psychanalyse, il faut un peu s’accrocher, mais les concepts sont bien expliqués et une fois qu’on les a assimilés, il est possible de décrypter les modalités de fonctionnement du climat incestuel.

160 000 enfants, violences sexuelles et déni social, Edouard Durand : Le juge  Durand, qui a dirigé les travaux de la Ciivise pendant trois ans avant de s’en voir retirer la charge, s’exprime dans ce tract court et incisif pour nous interpeler sur les 160 000 enfants victimes chaque année et les structures de notre société qui conduisent à l’absence d’identification et de protection de ces enfants. ESSENTIEL

Notre corps ne ment jamais, Alice Miller : décryptage de la manière dont notre corps exsude les traumatismes issus des maltraitances subies pendant l’enfance (au sens large, pas seulement sexuelles). Les exemples sur lesquels s’appuie Alice Miller sont très parlants pour qui s’interroge sur des manifestations corporelles inexepliquées.

Les fantômes familiaux – psychanalyse transgénérationnelle, Bruno Clavier : ce livre explore la manière dont les événements traumatiques vécus par des ascendants hantent la mémoire familiale et entraînent des désordres psychiques et corporels sur plusieurs générations. Ce livre m’a convaincue de la pertinence d’aller à la rencontre de mon passé pour comprendre l’origine des différents troubles dont souffrent plusieurs membres de ma famille.

La culture de l’inceste, collectif sous la direction d’Iris Brey et Juliette Drouar : cet ouvrage explore l’inceste en tant que base des stuctures sociétales, avec exigeance, intransigeance et aussi délicatesse. Chaque chapitre est écrit par une personne différente, et est donc teinté par sa personnalité, mais une remarquable unité se dégage. A l’issue de cette lecture, je me suis sentie confortée dans un certain nombre d’intuitions que j’avais sur le rôle systémique de l’inceste. Si vous avez aimé Dorothée Dussy, vous aimerez ce livre.

Le livre noir des violences sexuelles, Muriel Salmona : LA REFERENCE en termes de statistiques, mécanismes psychologiques et neurobiologiques en termes de violences sexuelles. Très riche, mais se lit facilement.

Films, docs

Un silence si bruyant, documentaire co-réalisé par Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova (2023) : à la rencontre d’adultes ayant subi des violences sexuelles dans l’enfance, et d’une mère dont la fille a été agressée par son père. Des experts apportent leur éclairage sur les mécanismes psychologiques à l’oeuvre. Témoignages poignants, les mots posés par les victimes sur leur vécu sont terriblement justes et ont fortement retenti en moi.

Les chatouilles, film co-réalisé par Andréa Bescond et Eric Métayer : fiction inspirée du drame vécu par A. Bescond dans son enfance (Odette est victime de violences sexuelles infligées par un ami proche de ses parents). Mise en lumière de la solitude extrême de l’enfant victime, l’auto-destruction de l’adulte, la difficulté de parler. Le rôle de la mère, maltraitante et sourde aux souffrances de sa fille, est glaçant.

Les yeux grand fermés, téléfilm réalisé par Clément Michel : ce film met en scène une grand-mère (incarnée par Muriel Robin), et son fils au comportement équivoque face à son petit-fils. On voit la grand-mère se débattre entre l’amour et la loyauté envers son fils et l’inquiétude face aux difficultés de son petit-fils. Mise en lumière délicate et juste d’un dilemme effroyable pour une mère.

Une famille, Christine Angot : dans le sillage de son livre, Le voyage dans l’est, Christine Angot part à la rencontre des témoins de ses souffrances qui n’ont pas su, pas voulu, pas pu, la protéger. Autopsie des schémas imprimés en nous par l’organisation de la société, les références culturelles, les mécanismes de domination qui enseignent aux dominés à courber l’échine et aux dominants à crier au scandale même face à l’évidence. On ne voit que ce qu’on nous enseigne à voir.